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dimanche 10 février 2013

L’ADDIP à la Commission Européenne de l’Environnement

L’ours machine à sous et l’Europe vache à lait… certains veulent que ça continue, et en Espagne la Navarre l’avoue sans ambages !
 

Compte rendu succinct – B. Besche-Commenge, représentant l’ADDIP.

 

Le 25 janvier 2013, pour la première fois, l’ADDIP a été invitée à participer au groupe de travail de la Commission européenne de l’Environnement sur le programme LCIE, en français : Initiative Européenne en faveur des Grands Carnivores. Au niveau national le Président du groupe « grands carnivores » de la FNO (Fédération Nationale ovine) faisait aussi partie de la délégation, de même que, pour les Alpes l’unité technique et de recherche sur le pastoralisme CERPAM qui participe, comme l’ADDIP, à cet atelier de la FNO.

 

Pia Bucella, Directrice de la DG Environnement, présidait la séance. Propos introductifs très nouveaux par rapport à la situation antérieure, et révélateurs du malaise général que génère, dans toute l’Europe, ce programme Grands Carnivores : « … nouvelle approche du sujet … écouter le terrain » (Entre guillemets et italiques, je rapporte tels quels les propos que j’ai pris en note. Merci aux traducteurs, très efficaces).

 

Les associations environnementales et organismes associés depuis l’origine à ce programme étaient très nombreux (plus d’un tiers des participants), et il était clair qu’ils se sentaient ici chez eux : grands saluts, bisous, rires complices avec certains représentants de la DG environnement … ADDIP, CERPAM, FNO ne faisaient pas partie du club ! Un des représentants de la LCIE s’étonna même publiquement de la présence de l’ADDIP. 

Mais, et c’est plus grave, l’un des membres de la DG Environnement, Angelo Salsi, Chef de l’Unité Life-Nature qui gère ces programmes européens, fut au diapason : après avoir souligné que le soutien social avait chuté dans plusieurs pays, dont pour le sien dans le Trentin, il s’en prit alors aux élus et aux médias responsables selon lui de ce phénomène : « il y a un grand acteur média qui peut tout vous casser en quelques mois, les journaux peuvent le faire, et les politiques locales aussi. Comment résister à ce type de pression ? » Curieuse conception de la démocratie ! Totalement contradictoire en outre avec cette écoute du terrain à quoi  Pia Bucella avait appelé et avec l’esprit général de la journée de travail où s’il n’y eut absolument pas consensus, si les désaccords furent fermement exprimés, l’on ne se crêpa pas pour autant le chignon, au contraire !

 

Du côté des associations environnementalistes, une représentante polonaise exprima passionnément son amour pour les grands prédateurs, sympathique et un peu irrationnelle comme toute passionnée et l’accent polonais est très musical, mais l’on n’est pas obligé d’imposer ses passions à tous ses contemporains. Pour les autres, les interventions furent beaucoup plus prosaïques : il apparut vite qu’ils étaient là pour la gamelle !

Dans le groupe de travail auquel je participais, le sujet majeur fut celui du « lack of klowledege », du « manque de connaissance » sur les grands carnivores dont les populations locales, par nature un peu simplettes, seraient victimes, ce qui les amène à s’opposer, et souvent fortement, à l’expansion de ces prédateurs sur leur territoire. Il fallait donc de nouveaux budgets pour porter la bonne parole et rééduquer les incultes. Ces associations étant bien sûr les mieux placées pour se sacrifier à cette ingrate mais nécessaire pédagogie. Angelo Salsi, déjà cité pour son étrange conception de la démocratie, leur avait tendu la perche en déclarant « une action indispensable : sensibilisation, communication » mais que « hélas investissement faible ». L’Europe vache à lait était convoquée une fois de plus.

 

En fait c’est comme ça depuis qu’existe la LCIE  et les programmes Life-Europe. Dans les Pyrénées par exemple, le FIEP d’abord, l’ADET ensuite furent et sont toujours largement subventionnées pour ce rôle « éducatif » … avec le succès qu’on connaît : un rejet total de la part des populations concernées qui a d’ailleurs conduit ces programmes européens eux mêmes à annuler les autres importations d’ours qu’ils avaient prévues après les lâcher de 1995 - 96, « suite à l’opposition des populations locales. » (cf le bilan 2011 des programmes "LIFE and European Mammals: Improving their conservation status" , page 42). Un sacré paradoxe !

 

Et le même rejet existe dans quasiment tous les pays de l’UE y compris à propos d’ours en Slovénie, alors qu’en France on nous vend l’inverse : le premier des quatre documents de travail remis aux participants, mentionne parmi les principales menaces contre les ours dans ce pays « l’acceptation humaine » et les « conflits avec les humains dus à la destruction de leurs biens » (pages 53-54 de Status, management and distribution of large carnivores – bear, lynx, wolf & wolverine – in Europe, december 2012 – Part 1 – pas en ligne)

 

Et en ce sens notre présence a permis de faire entendre un autre discours que celui dominant même si, dans l’organisation prévue des débats, il fallut un peu … s’imposer pour exprimer nos analyses.

Nous ne fûmes pas les seuls, en séance plénière finale c’est le propre représentant du Ministère Fédéral de l’Environnement (Bône) qui tapa sur la table, je cite : « ne pas faire passer la Directive Habitats à marche forcée … les approches mises en œuvre inquiètent … les éleveurs sont très soucieux, c’est très difficile dans la zone alpine ». Celui de l’association slovaque des chasseurs : « pas possible de continuer comme ça … problèmes importants dus aux ours y compris avec les humains », son homologue suédois à propos des loups : « la gérance par l’UE a été une catastrophe. ». Association finlandaise des éleveurs de rennes : « ça ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas attendre 20 ans. ». Représentant du Centre de protection des Troupeaux de l’Autriche : « ne pas se cacher derrière la Directive, les agriculteurs ont une peur existentielle de disparaître. ». La Fédération des paysans roumains : « que la Commission atterrisse dans la réalité, les sociétés ont de plus en plus conscience de ce qui se passe et sont très préoccupées ».

Même analyse exprimée dès la session plénière d’ouverture par le représentant des agriculteurs finlandais auquel nous avions pu faire passer la veille des informations sur la situation en France, il la mentionna.

 

Ce véritable tir groupé conduisit d’ailleurs l’un des représentants du Conseil Européen (je n’ai pas pu noter son nom) à déclarer qu’il fallait « plus de démocratie, plus de flexibilité. » Nous lui conseillons d’expliquer cela au représentant de la Commission Angelo Salsi. Lui rappeler par exemple que l’Europe s’est construite en réponse un totalitarisme vert de gris qui avait abondamment éliminé médias, politiques pas d’accord et populations pas dans le moule tout en éduquant ce qui restait sur son modèle unique.

 

Retour en France, je découvre ce qui est en train de se passer en Navarre autour d’une encore très incertaine importation d’ours dans cette Communauté autonome. L’ADDIP y reviendra sur le fond et la forme, simplement souligner ici comment effectivement la vache à lait Europe peut être gentiment exploitée sous la peau d’un ours dont en fait on se moque royalement sinon, justement, pour ce côté vache, un curieux hybride j’en conviens mais c’est le cas.

Il faut savoir que la vallée de Roncal s’oppose à ce programme mais que, comme dans d’autres petites communautés autonomes, des sommes faramineuses y ont été versées par l’Europe pour construire des centres d’interprétation de la nature totalement disproportionnés, au personnel souvent pléthorique, que la crise ne permet plus de payer. Dans les Asturies l’un des ces centres (coût de construction à l’époque 900.000 euros, ce serait près de 1.200.000 aujourd’hui) n’a même jamais fonctionné et le bâtiment s’est tellement dégradé qu’en l’état il est inutilisable, on envisage de le détruire car bien moins cher que de le rénover.

 

Le Parlement de Navarre, ne s’embarrasse par d’écologie, de soi disant espèce en péril et autres fariboles pour naïfs. Publiée dans le numéro 3 du 14 janvier 2013 du Bulletin Officiel de Navarre, la motion qu’il a adoptée à l’instigation de la coalition de plusieurs groupuscules nationalistes basques regroupés sous le nom Nafarroa Bai est claire :  « Il n’est pas compréhensible, et encore moins en cette période de crise, que la Navarre et la Vallée de Roncal refusent de recevoir 800.000 euros des fonds Life-Europe, qui auraient entraîné de nouveaux postes de travail dans la vallée, aidé à maintenir ceux qui existent (Centre d’Interprétation de Roncal) et auraient rendu possible une meilleur cohabitation avec l’espèce /…/ » On a droit ensuite au violon habituel sur le patrimoine européen, et du massif etc. etc. !

 

J’aurais l’occasion de revenir de façon plus détaillée sur les suites de cette journée. Mais il serait quand même indispensable que les élus européens, au moins ceux représentant les régions pyrénéennes, se penchent sérieusement et de près sur à la fois le déni de démocratie qui peut chez certains s’exprimer ainsi sans pudeur au niveau de la Commission, et sur l’affectation et l’usage réel d’un budget européen globalement en difficulté pour des opérations dont les 20 dernières années ont clairement montré que le problème qu’elles prétendaient résoudre n’était pas du tout celui qu’elles exhibent comme alibi.

 

« … Nouvelle approche du sujet … écouter le terrain », disait en ouverture Pia Bucella, Directrice de la DG Environnement. Sans doute alors n’est-il pas nécessaire de revenir aux errements du passé : je l’ai indiqué ci-dessus, nous étions loin en Europe d’être les derniers indiens isolés campant sur leur réserve, c’était même le contraire. Oui, « écouter le terrain … », ça revient moins cher, ou le même argent peut y être affecté à des actions autrement plus efficaces, y compris pour la biodiversité, la vraie, pas celle réduite à quelques bestioles poilues,  emblématiques et, surtout, très médiatiques …

Certains n’y auront plus la gamelle ? On leur trouvera autre chose à faire si vraiment ils s’intéressent au massif.

 

 

B. Besche-Commenge, représentant de l’ADDIP - 6 février

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