"Fédération des Acteurs Ruraux
2430 route de Bonpertuis
38850 Chirens
Mme Carolina Lasén Díaz
secrétaire du comité permanent de la convention de Berne
Mr Herman Van Rompuy, Président du
Conseil européen
Mr Jean-Claude Junker Président de
la Commission européenne
Mr Martin
Schulz Président du Parlement européen
Mme Ségolène Royal Ministre de
l’écologie
Mr Stéphane Le Foll Ministre de
l’agriculture
Objet : Lettre ouverte
Projet
de protection des croisés loup/chien
(Ou
titre officiel du document
PROJET DE RECOMMANDATION SUR LES
CROISEMENTS ENTRE LES LOUPS SAUVAGES ET LES CHIENS DOMESTIQUE)
Madame, Monsieur,
Nous
avons pris connaissance du «
projet de recommandation » cité en objet.
La lecture de ce document ne
manque pas de
nous surprendre et
nous souhaitons porter
à votre connaissances les interrogations qu'il
suscite en nous .
-
l'utilisation
du terme hybride nous dérange .
En effet, en agriculture, ce mot s'applique pour désigner le résultat stérile
de deux animaux. C'est le cas par exemple pour l'accouplement de la jument et
de l’âne, donnant la mule ou le mulet qui sont des animaux
issus d'une hybridation inter-spécifique stérile. Il s'applique aussi dans le cas
d'accouplement entre individu de la même espèces. Ainsi la majorité des
maïs cultivés aujourd'hui sont des
hybrides . Dans ces deux cas, ce sont des croisements volontaires et quelques
fois même breveté, établis dans un but d’améliorations des performances. Le
croisement d'un loup
et d'un chien,
ou inversement, est une hybridation intra-spécifique
féconde. C'est cette hybridation, ou croisement, qui pose aujourd'hui un énorme problème. Selon le Professeur Taberlet, « l'hybride sera identifié
comme étant un loup du moment que sa mère est un loup » (annexe1). La
protection des hybrides du chien et du loup
est elle un programme
d'amélioration des performances ?
-
ce
projet semble répondre à une inquiétude sur l'existence de croisements entre
chiens et loups dans la
nature. Nous partageons
cette inquiétude et
l'avons exprimée depuis
longtemps. Pourtant, l'administration
a toujours nié cette possibilité, alors qu'en Italie, ou un programme Life a
été mis en place pour lutter
contre ces animaux, cette existence est
reconnue, Combien de « croisés »
sont effectivement libres dans la
nature en France et d'où viendraient ces animaux? Sachant qu'il n'y a pas de
chiens vivant à l'état sauvage dans notre pays, l'article 1 du projet
semble en partie répondre à cette question ; il
propose « d'interdire et de restreindre la possession de loups
ou hybrides du loup et du chien comme animaux de compagnie ». Doit-on comprendre,
qu'il y ait là, l’aveu que ce type d'animal d'origine domestique ait pu être
lâché.
-
Dans
la rédaction même du texte,
les articles 1 et 2 semblent regretter l'existence de croisements entre le loup
et le chien alors que les articles 3 et 4 souhaitent leur apporter une protection
équivalente à celle du loup. Il semble bien qu'il y ait là une contradiction
flagrante. Et quelles seront les mesures à mettre en place sur le terrain ?
o
interdiction
de détenir des chiens de type Chien-loup-tchèques et Saarlos, issus de
croisement du loup et du chien?
o
interdiction
de détenir des loups et des croisés,
même avec un certificat de capacité ?
o
obligation
de stériliser tous les chiens susceptibles d''évoluer dans la nature en contact
avec des loups de sexe opposé, que ce soit pour des raisons de travail
(chasses, garde des troupeaux, recherche de personnes.......) ou de loisir ?
o
obligation
faite aux services de l'état de détecter les croisés pour les éliminer, alors
que nous connaissons les difficultés de ces mêmes services pour comptabiliser
le nombre de loups sur notre territoire,
ainsi et surtout que les difficultés pour effectuer les tirs de prélèvement?
o
Quelles seront les bases utilisées pour identifier
les croisés ? Sachant, comme nous l'avons vu ci-dessus, que la détection
génétique est impossible (annexe1). Ne restera-t-il donc que la détection sur
des critères phénotypiques (annexe 2) pour des animaux difficiles à voir
autrement que furtivement, et qui aujourd'hui peuvent encore être éliminés en
toute légalité, par les éleveurs et bergers, les mieux à même de les localiser
et d'apprécier leur dangerosité?
Il
est donc évident que si ce texte est adopté, il n'y aura qu'un seul et unique
article qui sera applicable, l'article 4, qui donnera aux « croisés » une
protection égale à celle du loup aujourd'hui. Ce sera une épine de plus dans le
pied des éleveurs et des bergers, qui n'auront désormais plus le droit de se
défendre contre les attaques de canidés qui ne sont pas des loups, de peur que
après analyses, on puisse déceler un « gène
»qui les classeraient immédiatement: hybrides protégés .
Mais,
plus grave, ce sera aussi un encouragement
pour tous ceux qui pourront allègrement abandonner, dans la nature, la
progéniture issue de croisement visant à apporter un sang nouveau. Pire, un encouragement
à abandonner le gentil Chien-loup-tchèque qui était si mignon petit, mais qui
se révèle si difficile à gérer à l'âge adulte.
Ce
texte est un aveu: « L'aveu que les
loups qui peuplent aujourd'hui notre pays,
la Suisse, mais aussi l'Italie (d'où il sont censés être revenu
naturellement), ne sont pas des loups issus d'une souche pure, mais bien des
animaux issus de croisement entre chiens et loups.
-
L'aveu
qu'il n'existe pas de possibilité de traçabilité sur le devenir des croisés nés
en captivité, et qu'il est de ce fait impossible d'affirmer que le loup
Franco-Helvetico-Italien est un loup, ni même qu'il est issu de souche sauvage.
-
L'aveu
de l'incompétence, pour ne pas dire plus, de ceux qui gèrent le loup et qui
cherchent, par cette recommandation, à se dédouaner de leur responsabilité en
se contentant de défendre un simple bâtard.
-
L'aveu
en fait que le canis lupus Italicus n'existe pas et que depuis plus de vingt
ans l’état français protège un loup qui
n'en est pas un.
Nous
nous adressons à tous ceux,
qui, de par leurs
fonctions, sont à
même d'influer sur
cette commission, afin qu'ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir,
pour que cette proposition soit rejetée tout en sollicitant que le loup hybride
soit classé en espèce envahissantes avec toutes les conséquences que cela
suppose quant à sa destruction.
Dans
le cas
où cette proposition
de recommandation arriverait
à son terme,
elle serait immédiatement
et irrémédiablement intégrée à la « directive habitat ». Les animaux issus de croisements loup-chien
seraient alors définitivement protégés. Je laisse imaginer les désastreuses
conséquences qui mettraient certainement un terme aux activités
d'élevage extensif et
respectueux de l’environnement et d’un développement raisonné.
Que
deviendrait le préambule et l’alinéa 8 de l’article L 113-1 du Code Rural
français :
« Par leur contribution à la
production, à l'emploi, à l'entretien des sols, à la protection des paysages, à
la gestion et au développement de la biodiversité, l'agriculture, le
pastoralisme et la forêt de montagne sont reconnus d'intérêt général comme
activités de base de la vie montagnarde et comme gestionnaires centraux de
l'espace montagnard.
« En conformité avec les
dispositions des traités instituant la Communauté économique européenne, le
Gouvernement, reconnaissant ces rôles fondamentaux de l'agriculture, du
pastoralisme et de la forêt de montagne, s'attache à :…..
« 8° Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l'ours dans les territoires exposés à ce risque».
« 8° Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l'ours dans les territoires exposés à ce risque».
L’élevage
extensif que nous pratiquons est pourvoyeur
d'un grand nombre de produits de
qualité, le plus souvent labélisé (IGP, AOP, label rouge…), qui font le renom
des Pays qui les protègent. Ils sont également
garants de la vie sociale dans nos territoires ruraux et surtout d'une biodiversité riche et préservée au point d’être reconnu
sous la forme de divers types d’espaces protégés.
Dans l’attente de vous lire. Veuillez agréer nos
salutations.
Mr
le Président de le Fédération des Acteurs Ruraux.
Mr
Christophe Gabert.
"La rédaction de cette lettre ayant été collective, vous pouvez vous l'approprier, la signer a votre tour et l'envoyer aux personnes que vous trouverez opportunes