Fédération des Acteurs Ruraux FAR
2430 route de Bonpertuis 38850 Chirens
Monsieur Éric CIOTTI
Président
du Conseil Général des Alpes Maritimes
Centre Administratif
Départemental
Route de Grenoble BP 3007
06201 Nice Cedex 3
Route de Grenoble BP 3007
06201 Nice Cedex 3
Objet : Lettre ouverte
Monsieur le Président,
Nous
apprenons que le Conseil Général s’engage à soutenir la candidature au Patrimoine mondial de l’UNESCO
du Parc du Mercantour avec ses similaires italiens : (http://www.cg06.fr/fr/homepage/actualites/actualites/?actu_id=2579).
Alors que ce projet semble aujourd’hui bouclé, il
semble que les acteurs de terrain concernés n’ont pas été conviés à participer
à son élaboration conformément à l’article 7 de la charte de l’environnement
adossée à la Constitution selon une procédure définie dans plusieurs articles
du Code de l’Environnement. Cette procédure de participation du public est à
dissocier de la consultation publique.
A ce jour il apparait que forestiers, agriculteurs, éleveurs, bergers, habitants, propriétaires… et leurs
représentants n’ont vu officiellement aucun document. Selon les informations
officieuses dont nous avons eu connaissance oralement, le pastoralisme et d’une
manière générale l’élevage de montagne apparait totalement absent de la
procédure de classement. (http://www.mercantour.eu/index.php/grandes-operations/candidature-au-patrimoine-mondial-de-l-humanite).
Il n’échappe à personne, sauf peut-être à quelques
militants extrémistes, que la biodiversité des territoires et la qualité des
paysages appréciés par les touristes sont le fait de l’action conjuguée de
l’homme et de ses bêtes depuis plusieurs millénaires. Hormis l’obligation
légale et constitutionnelle, il semblerait opportun que tous les acteurs, même
s’ils apparaissent aux yeux de certains trop nombreux, puissent apporter leur
contribution où tout le monde puisse être régulièrement informés de
l’avancement des travaux.
Rien de tout ceci n’a été respecté.
Nous aurions préféré que vous vous soyez impliqué
dans un projet comme celui du Parc National des Cévennes (http://whc.unesco.org/fr/list/1153)
car ce projet reconnait que la création du Parc a eu lieu pour féliciter le
rôle positif de la coévolution de la nature et du pastoralisme au cours de plus
de 5000 ans de cheminement commun… Il semble ici qu’il ait été oublié la collaboration
entre l’homme et la nature qui ont amené le Parc du Mercantour à reconnaitre
« la multiplicité d'espèces animales et
végétales qui en font l'un des 34 "points chauds" de biodiversité la
planète. »
Face à une telle situation, vous semble-t-il normal d’accepter
la poursuite de ce projet qui se prépare sans la participation des populations
locales et des acteurs des territoires ? Ne croyez-vous pas qu’une telle
initiative pourrait à terme être contreproductive par rapport aux efforts et
sacrifices actuellement entrepris,
notamment par les éleveurs, pour
conserver une vie sur les territoires de montagne ? N’y a-t-il pas un
risque, en marginalisant ces acteurs du quotidien de voir disparaitre une
dynamique territoriale ?
Actuellement, nous avons le sentiment que tout est
mis en œuvre pour que les éleveurs quittent leurs territoires d’origine afin de
laisser la place « au tout sauvage ». Ne croyez-vous pas que cette
méthode d’exclure telle ou telle catégorie de population a pour finalité une
« déportation » de fait pour laisser la place à des idéologues de
l’écologie profonde (deep ecology) ? Est-ce vraiment votre objectif ?
Ne serait-il pas plus efficace de revoir la nature
du choix du classement a l’UNESCO en
tenant compte des bienfaits des activités agro-sylvo-pastorales, créatrice
d’emplois, de biodiversité, de gastronomie, d’aménagement du territoire, de
lutte contre les incendies et les avalanches,… ? Un projet avec les populations locales sur
leur territoire créateur d’avenir, de croissance, de bien-être… ?
A cet égard, je vous invite à vous rapprocher des
Hautes-Pyrénées et des travaux réalisés, avec les acteurs locaux du canton du
Luz Saint Sauveur et de la province espagnole d’Aragon, dans le cadre du Parc
National des Pyrénées et du classement au patrimoine mondial de l’UNESCO
Mont-Perdu – Gavarnie.
En conséquence, nous sollicitons de votre part, une
suspension de ce dossier afin d’être repris à la base dans des conditions
normales de participation du public en précisant les objectifs à terme pour les
acteurs des territoires de votre département.
Nous tenant à votre disposition,
Croyez, Monsieur le Président, à l’assurance de nos
sentiments distingués.
Le
Président de la FAR
Christophe
Gabert
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