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assemblée générale de la FAR

Pour une campagne et une montagne vivantes et dynamiques sans loup

AG





jeudi 14 juillet 2011

Réponse de JL BIANCO a la lettre ouverte de ferus

                                                                                              Digne-les-Bains, le 12 juillet 2011





                                                                                              Monsieur le Président
                                                                                              FERUS - LPO PACA
                                                                                              LPO PACA Villa St Jules
                                                                                              6 rue Jean Jaurès
                                                                                              83 400 HYERES
VB

                 Monsieur le Président,

J’ai pris connaissance, via le site « la buvette des alpages » du courrier que vous m’avez adressé à la suite des prises de position du Conseil général et de moi-même au sujet du loup.
Mes propos ont été ceux d’un homme en colère et profondément affecté par la situation d’une profession en désarroi.
En effet, le pastoralisme, au-delà de sa contribution environnementale, est avant tout une activité économique qui fait vivre des hommes et des femmes qui n’ont cessé de prouver leur capacité à s’adapter face à des changements incessants de politiques, de réglementation, d’attentes sociétales…
Mais comment s’adapter perpétuellement à un prédateur opportuniste, adaptable et capable d’apprécier le risque qu’il court ?
La vulnérabilité est importante dans les Alpes du Sud françaises où les troupeaux ovins sont élevés pour leur viande : les effectifs des troupeaux sont importants, la main d’œuvre est rare et chère, la durée de pâturage est longue (8 à 12 mois). Il suscite donc un risque de prédation quasi permanent pour ce type d’élevage.
Cela signifie qu’une part de la prédation pourrait être éliminée par un gros effort d’adaptation des systèmes d’élevage et de protection des troupeaux, mais qu’il restera toujours une prédation présente. Comment faire accepter cela aux éleveurs ? Qui est prêt à accompagner ces changements radicaux de pratiques ?

Vous comprendrez je l’espère la colère des éleveurs dont je me dois de faire le relais. Je souhaite en outre répondre à certaines de vos affirmations.

« Le nombre de loups lui n’augmente pas » :
L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et les services de l’Etat s’accordent sur le fait que la population de loups dans le département augmente. Plus précisément l’ONCFS estimerait une trentaine d’individus dans le département en 2011 contre une vingtaine en 2010.

Si l’effectif minimum retenu d’après les comptages hivernaux semble de façon générale stabilisé ou en diminution, l’augmentation des attaques depuis 2009, la dispersion du loup de l’Ubaye à l’ensemble des massifs des Alpes de Haute-Provence, la modification de la répartition annuelle des attaques qui aujourd’hui ne se concentrent plus seulement sur juillet et août mais sur l’ensemble de l’année confirment l’estimation de l’ONCFS : le nombre de loups augmente incontestablement sur le département !

« Les victimes sont très correctement indemnisées » :
Les indemnisations ne permettent de compenser que les préjudices matériels. En effet, la prédation a des conséquences directes, mais aussi des conséquences indirectes, graves pour l’exploitation (avortements des brebis, stress entraînant des difficultés de conduite du troupeau et d’engraissement…). Par ailleurs, elle accroît de façon conséquente la charge de travail du berger car ces derniers sont désormais des gardiens de troupeaux de jour comme de nuit.

Aujourd’hui la grande majorité des éleveurs (95 %) des zones concernées a adopté les techniques de protections préconisées : aides bergers, chien de protection, parc de nuit aux abords des cabanes.
Mais au-delà d’un bilan d’attaques en augmentation, qui prouve les limites de ces techniques, celles-ci posent des problèmes collatéraux :
- la gestion d’un salarié (aide berger) dans des conditions de vie rudimentaires (cabane de berger, promiscuité, …) s’avère très difficile ;
- la cohabitation des chiens de protection avec les randonneurs ou les riverains est source de conflits nouveaux ;
- l’obligation de ramener chaque soir les troupeaux en enclos dégrade les pelouses de montagne du fait d’incessants allers et retours : cela empêche une bonne gestion pastorale et fait perdre plusieurs heures d’alimentation par jour, ce qui pose problème surtout aux femelles qui sont en fin de gestation. Le retour systématique en enclos n’a de sens qu’en élevage laitier, pour la traite du matin et du soir.

Aussi, ces techniques de protection posent autant de problèmes qu’elles n’en résolvent.

« Un conseiller général réclame la régulation du loup » :
Le retour du loup est souvent présenté comme le signe de bonne santé retrouvée des écosystèmes. Et nous pouvons que nous réjouir d’une nature ayant retrouvé ses droits.
Toutefois, en France les espaces naturels sont aussi pour la plupart des espaces pastoraux.

Très opportunistes en matière alimentaire, les loups ne se comportent pas seulement comme des prédateurs des espèces sauvages mais préfèrent les proies faciles que sont les animaux d’élevage.

Par ailleurs, le nombre croissant d’attaques diurnes (40 % des attaques en 2010) révèle l’adaptabilité rapide du loup aux mesures de protection et sa présence de plus en plus fréquente aux abords des bergeries confirme que ni la présence des hommes ni celle des chiens de protection ne les décourage.

Il semble que nous sommes donc confrontés à des loups chez qui la crainte s’est considérablement amenuisée. Afin d’éviter la généralisation du braconnage, il faut développer au plus vite des pratiques visant à recréer chez les loups une aversion vis-à-vis de l’homme et de son bétail. Il est nécessaire aussi de mettre en place une gestion des meutes, à l’instar d’autres pays (Suède, Espagne,…).
S’il est juste d’affirmer que l’existence du loup est légitime au nom du maintien de la biodiversité de la faune sauvage, il apparaît pertinent au vu des données officielles (200 individus au sein de l’arc alpin) de s’interroger à nouveau sur le fait que l’espèce Canis Lupus soit encore une espèce menacée. Etant suffisamment abondante en Europe de l’Est et en Italie notamment (sans oublier que les effectifs en France ne cessent d’augmenter), le loup pourrait ne plus faire partie de la liste des espèces protégées au titre de la Convention de Berne.
Enfin, l’Etat se doit de protéger les personnes et les biens. Si le loup met en danger les troupeaux, il lui appartient de réaliser les effarouchements, d’organiser les protections et d’assurer la régulation.
Dans ce sens, je propose de réhabiliter le métier de louvetier dans le cadre d’un plan de gestion de l’espèce.

« Le loup n’y est pour rien dans la crise que rencontre la filière ovine » :
L’élevage ovin du Sud-Est a su mieux résister que la plupart des grandes régions ovines françaises, qui ont connu une décroissance continue de leur cheptel brebis viande. Cette capacité de résistance s’est appuyée notamment sur des combinaisons originales entre taille des troupeaux, performances zootechniques, redéploiement pastoral et soutien du second pilier de la PAC. Mais, ces équilibres restent fragiles et dépendants entre autres de l’évolution des réglementations et de la conjoncture du marché mondial qui pèse sur le secteur ovin.
La multiplication des attaques du prédateur est une épreuve de plus qui n’est plus supportable.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.





                                                                                                      Jean-Louis BIANCO

1 commentaire:

  1. Belle réponse de Jean Louis Bianco, élu de terrain, qui connais bien son sujet face à la démagogie de pseudos-scientifiques de l'élevage et peut être même du loup comme Férus et autres organisations écologiques irresponsables.

    De droite comme de gauche, nos élus locaux nous soutiennent et surtout nous comprennent, c'est encourageant pour continuer notre combat.

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