Ci dessous un extrait du rapport Rapport n° 15 103 qui nous dit que l'élevage en plein air et la présence de loups sont incompatible
Pérennisation des pratiques agropastorales extensives sur le territoire UNESCO des Causses et des Cévennes
C:/Users/christophe/Downloads/cgaaer_15103_2016_rapport.pdf
1.2.5. La limitation de la prédation par le loup
Pour la mission, le développement du loup dans le Massif Central illustre le conflit entre deux politiques publiques opposées :
- l’accueil d’une espèce prédatrice, au sommet de l’écosystème, classée comme espèce protégée par la convention de Berne, plaçant la France parmi les pays où la « Nature sauvage » est sauvegardée,
- le maintien des milieux ouverts par un pastoralisme vivant, reconnu par l’UNESCO par l’inscription de ces territoires au patrimoine mondial de l’Humanité, la France pays le plus riche de tout le pourtour méditerranéen pouvant ainsi montrer l’intérêt et la possibilité de conserver, dans un monde de plus en plus artificialisé, des voies économiques, techniques et sociales de conservation de ces milieux.
L’analyse du développement régional du loup, de la vulnérabilité des élevages agropastoraux et des mesures de protection est détaillée en annexe 9. Le loup, par son niveau de prédation important sur les ovins, voire des bovins, menace directement le maintien du pastoralisme :
- techniquement, les prédations perturbent durablement les élevages, font perdre des bêtes reproductrices de qualité ou des éléments fondamentaux du troupeau (bêtes meneuses, expérimentées), engendrent des pertes de croissance et de reproduction mal indemnisées (l’indemnité ne prend en compte que 15 % de frais autres que la perte de la bête). Les pratiques de parcage nocturne préconisées entraînent un surcroît de travail de plus d’une heure par jour ;
- écologiquement, la concentration d’animaux dans les parcs de nuit engendre des pollutions certaines, potentiellement dommageables dans les causses du fait des circulations d’eau particulières ; les patous ont des impacts sur la petite faune sauvage : lapins, blaireaux d’après certains témoignages ;
- économiquement, la prise en charge par les éleveurs de 20 % des frais de mise en défends du troupeau, les pertes de production animale, la perte de surface pâturée des zones les plus vulnérables se cumulent et aboutissent à une perte de revenu conséquente pour des exploitations sur le fil du rasoir de la survie économique ;
- socialement, la dégradation de l’image du berger et de la vivabilité de son travail passent très mal. La polémique au sujet du loup heurte les bergers : elle leur paraît négative, injuste, et a fait retomber l’enthousiasme lié à la reconnaissance UNESCO. Ils se sont sentis blessés par des propos tenus par les pro-loups qui les accusaient de ne pas faire le nécessaire pour protéger leurs troupeaux et considéraient qu’une brebis nourrissant un loup était plus utile que celle qui allait à l‘abattoir. L’agression des chiens patous vis-à-vis des promeneurs impose une surveillance supplémentaire ; elle isole les bergers ou les oppose aux touristes qui, eux aussi, sont partagés entre l’interdiction de divaguer hors des chemins et l’impossibilité de rester dessus si le troupeau en est proche ! Les élevages en transhumance qui retournent en plaine y exportent cette difficulté de voisinage avec les patous qu’il faut bien conserver pendant l’hiver.
- territorialement, l’arrivée du loup accentue la tendance à l’abandon du pâturage des zones éloignées et embroussaillées plus difficiles à surveiller. Elle conduit à la fermeture de ces milieux, à une diminution du nombre de bêtes (dans les Alpes, le cheptel ovin a diminué de 40 % de 2008 à CGAAER n°15 103 Page 32/98 2012) ou au passage à du « zéro pâturage », les éleveurs apportant le fourrage récolté dans les parcelles mécanisables au troupeau parqué près des bâtiments. Cette pratique est déjà en œuvre sur les Causses : le cahier des charges du Roquefort, imposant 120 jours de pâturage, si le temps le permet, empêche de la généraliser.
- financièrement, on peut se questionner sur la capacité du pays à équiper les éleveurs de la zone contre le loup, sachant qu’il y a autant d’animaux dans le Bien que dans les Alpes : le budget devrait doubler passant de 12 à 24 M€22, sans compter la revalorisation souhaitable des aides pour apporter un niveau supérieur aux 80 % actuels, les éleveurs n’ayant pas à payer de leur poche un service au pays.
Pour toutes ces raisons, il apparaît à la mission que l’État doit choisir entre ces deux engagements. Pour respecter le contrat avec l’UNESCO et maintenir l’agropastoralisme, le loup ne doit pas se développer en Massif Central tout le temps qu’on ne saura pas gérer son expansion et ses agressions aux élevages. Cette position s’appuie aussi sur les conclusions du rapport n°384 (2013-2014) au Sénat de Hélène Masson-Maret et André Vairetto.23 L’Espagne, confrontée, elle aussi au développement du loup, à l’augmentation des dégâts sur les élevages et à la désertion de certains pâturages a adopté de telles mesures dans les Asturies en adoptant en mars 2015 un plan de gestion du loup basé sur des prélèvements assurés par les agents du service régional de l’environnement.
Toutes les mesures prévues par la réglementation sur les espèces protégées permettant leur régulation doivent donc être activées : tirs de défense et tirs de prélèvement, comme les préfets de Lozère et de l’Aveyron les ont déjà mis en œuvre, mais aussi tirs de prélèvement renforcé dans les secteurs à dégâts sur plus de deux ans, comme cela va dorénavant être le cas sur le Causse Méjean. De surcroît, la mission recommande qu’il soit fait appel à la brigade anti-loups des Alpes, dans les secteurs où la menace est avérée, car la chasse de cet animal rusé est très difficile. Enfin, compte-tenu de l’engagement de la France vis-à-vis de l’UNESCO, la mission exprime le vœu que le quota de tirs puisse être revu à hauteur des enjeux dans le territoire du Bien.
R7. Attendre la mise au point de méthodes de pastoralisme adaptées à la présence du loup avant d’envisager son développement régional. Activer au maximum, voire élargir, les possibilités réglementaires de limitation de l’implantation de ce prédateur. "
Pérennisation des pratiques agropastorales extensives sur le territoire ...
"Pérennisation des pratiques agropastorales extensives sur le territoire UNESCO des Causses et des Cévennes
C:/Users/christophe/Downloads/cgaaer_15103_2016_rapport.pdf
1.2.5. La limitation de la prédation par le loup
Pour la mission, le développement du loup dans le Massif Central illustre le conflit entre deux politiques publiques opposées :
- l’accueil d’une espèce prédatrice, au sommet de l’écosystème, classée comme espèce protégée par la convention de Berne, plaçant la France parmi les pays où la « Nature sauvage » est sauvegardée,
- le maintien des milieux ouverts par un pastoralisme vivant, reconnu par l’UNESCO par l’inscription de ces territoires au patrimoine mondial de l’Humanité, la France pays le plus riche de tout le pourtour méditerranéen pouvant ainsi montrer l’intérêt et la possibilité de conserver, dans un monde de plus en plus artificialisé, des voies économiques, techniques et sociales de conservation de ces milieux.
L’analyse du développement régional du loup, de la vulnérabilité des élevages agropastoraux et des mesures de protection est détaillée en annexe 9. Le loup, par son niveau de prédation important sur les ovins, voire des bovins, menace directement le maintien du pastoralisme :
- techniquement, les prédations perturbent durablement les élevages, font perdre des bêtes reproductrices de qualité ou des éléments fondamentaux du troupeau (bêtes meneuses, expérimentées), engendrent des pertes de croissance et de reproduction mal indemnisées (l’indemnité ne prend en compte que 15 % de frais autres que la perte de la bête). Les pratiques de parcage nocturne préconisées entraînent un surcroît de travail de plus d’une heure par jour ;
- écologiquement, la concentration d’animaux dans les parcs de nuit engendre des pollutions certaines, potentiellement dommageables dans les causses du fait des circulations d’eau particulières ; les patous ont des impacts sur la petite faune sauvage : lapins, blaireaux d’après certains témoignages ;
- économiquement, la prise en charge par les éleveurs de 20 % des frais de mise en défends du troupeau, les pertes de production animale, la perte de surface pâturée des zones les plus vulnérables se cumulent et aboutissent à une perte de revenu conséquente pour des exploitations sur le fil du rasoir de la survie économique ;
- socialement, la dégradation de l’image du berger et de la vivabilité de son travail passent très mal. La polémique au sujet du loup heurte les bergers : elle leur paraît négative, injuste, et a fait retomber l’enthousiasme lié à la reconnaissance UNESCO. Ils se sont sentis blessés par des propos tenus par les pro-loups qui les accusaient de ne pas faire le nécessaire pour protéger leurs troupeaux et considéraient qu’une brebis nourrissant un loup était plus utile que celle qui allait à l‘abattoir. L’agression des chiens patous vis-à-vis des promeneurs impose une surveillance supplémentaire ; elle isole les bergers ou les oppose aux touristes qui, eux aussi, sont partagés entre l’interdiction de divaguer hors des chemins et l’impossibilité de rester dessus si le troupeau en est proche ! Les élevages en transhumance qui retournent en plaine y exportent cette difficulté de voisinage avec les patous qu’il faut bien conserver pendant l’hiver.
- territorialement, l’arrivée du loup accentue la tendance à l’abandon du pâturage des zones éloignées et embroussaillées plus difficiles à surveiller. Elle conduit à la fermeture de ces milieux, à une diminution du nombre de bêtes (dans les Alpes, le cheptel ovin a diminué de 40 % de 2008 à CGAAER n°15 103 Page 32/98 2012) ou au passage à du « zéro pâturage », les éleveurs apportant le fourrage récolté dans les parcelles mécanisables au troupeau parqué près des bâtiments. Cette pratique est déjà en œuvre sur les Causses : le cahier des charges du Roquefort, imposant 120 jours de pâturage, si le temps le permet, empêche de la généraliser.
- financièrement, on peut se questionner sur la capacité du pays à équiper les éleveurs de la zone contre le loup, sachant qu’il y a autant d’animaux dans le Bien que dans les Alpes : le budget devrait doubler passant de 12 à 24 M€22, sans compter la revalorisation souhaitable des aides pour apporter un niveau supérieur aux 80 % actuels, les éleveurs n’ayant pas à payer de leur poche un service au pays.
Pour toutes ces raisons, il apparaît à la mission que l’État doit choisir entre ces deux engagements. Pour respecter le contrat avec l’UNESCO et maintenir l’agropastoralisme, le loup ne doit pas se développer en Massif Central tout le temps qu’on ne saura pas gérer son expansion et ses agressions aux élevages. Cette position s’appuie aussi sur les conclusions du rapport n°384 (2013-2014) au Sénat de Hélène Masson-Maret et André Vairetto.23 L’Espagne, confrontée, elle aussi au développement du loup, à l’augmentation des dégâts sur les élevages et à la désertion de certains pâturages a adopté de telles mesures dans les Asturies en adoptant en mars 2015 un plan de gestion du loup basé sur des prélèvements assurés par les agents du service régional de l’environnement.
Toutes les mesures prévues par la réglementation sur les espèces protégées permettant leur régulation doivent donc être activées : tirs de défense et tirs de prélèvement, comme les préfets de Lozère et de l’Aveyron les ont déjà mis en œuvre, mais aussi tirs de prélèvement renforcé dans les secteurs à dégâts sur plus de deux ans, comme cela va dorénavant être le cas sur le Causse Méjean. De surcroît, la mission recommande qu’il soit fait appel à la brigade anti-loups des Alpes, dans les secteurs où la menace est avérée, car la chasse de cet animal rusé est très difficile. Enfin, compte-tenu de l’engagement de la France vis-à-vis de l’UNESCO, la mission exprime le vœu que le quota de tirs puisse être revu à hauteur des enjeux dans le territoire du Bien.
R7. Attendre la mise au point de méthodes de pastoralisme adaptées à la présence du loup avant d’envisager son développement régional. Activer au maximum, voire élargir, les possibilités réglementaires de limitation de l’implantation de ce prédateur. "
Cette lettre a été remise a tous les candidats par voie électronique et aussi en personne a Jean Lassalle lors de son bref séjour en Savoie
RépondreSupprimer