vendredi 22 février 2013

La Buvette censure!!!


Nouvelle manipulation des textes sur le site « La Buvette des Alpages », bonne indication de sa malhonnêteté et bel exemple de la manière de déformer les choses pour tromper le lecteur !

 

Le 17 février 2013 Beaudoin de Menten met en ligne un texte sous le titre : « Sommes-nous complices ». A la fin on peut y lire : « The Economist a écrit “The wolf’s supporters do not care for the species as much as its opponents hate it”, “Les supporters du loup ne prennent pas autant soin du loup que les opposants le haïssent”. Et bien, prenons soin des loups! Nous avons là un formidable moyen de pression, un nouveau levier. »

 

J’ai lu l’article de The Economist. Beaudoin de Menten le censure purement et simplement. Voici la citation réelle, page 6, en gras la partie comme par hasard oubliée : « the wolf’s supporters do not care for it as much as its opponents hate it, and they have good reason to. » = « les partisans du loup ne prennent pas soin de lui autant que ses opposants le haïssent, et ils ont de bonnes raisons de le faire. » Cela change tout !

 

Je traduis à la suite l’intégralité du passage concerné de ce long article, bien informé y compris sur la situation française. Et surtout, à l’inverse de ce que voudrait faire croire la Buvette en le caviardant, très neutre : un bon exemple d’enquête journalistique qui essaie de comprendre, d’analyser en replaçant faits et avis dans un contexte général que cerne bien sa conclusion : « Dans la plupart des pays, la part de l'agriculture dans la production économique diminue, la population rurale est en baisse et les gens de plus en plus coupés des réalités de la terre. Ces temps-ci pour la plupart des humains les loups ne sont guère plus qu'un rappel d'un passé sauvage qu'ils ont laissé derrière eux, mais qui fait encore vibrer la corde sensible de leur âme. »

 

B.Besche-Commenge – ASPAP/ADDIP – 21 février 2013

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The wolf returns: Call of the wild | The Economist - Dec 22nd 2012

Le retour du loup : l’appel du sauvage – The Economist – 22 décembre 2012

(traduction des pages 5 à 7 – auparavant historique et état actuel de la population de loups)

 

                « Bobos énamourés

 

Des deux côtés de l'Atlantique les partisans du loup sont majoritaires. On y trouve un nombre disproportionné de jeunes, de femmes et de citadins. En général, plus les gens vivent loin des loups, plus ils les aiment. La grande exception ce sont les Amérindiens qui vivent près d'eux et les respectent. Dans leur mythologie les loups représentent le créateur de l'homme ou son frère. Selon Chris McGeshick du groupe du lac Mole de la tribu Chippewa dans la région des Grands Lacs, les Indiens considèrent que leur destin est lié à celui du loup : « Nous faisons mieux, nous exerçons à nouveau nos droits, nous en revenons là où nous étions avant l'arrivée des Européens. Au fur et à mesure que le loup se renforce, les populations tribales le font aussi. »

Les organisations environnementales et de protection des animaux luttent pour que le loup reste une espèce protégée. Ils ont de généreux donateurs, pour qui il a une valeur de totem. D’après Jamie Rappaport Clark To, président de l’association Defenders of Wildlife(1) (Défenseurs de la Vie Sauvage) et ancien directeur du Service gouvernemental des Poissons et de la Vie Sauvage (FWS), lorsqu’on interroge ses membres sur les espèces dont ils se soucient le plus, le loup arrive toujours en tête. Ce qui fait du lobbying en sa faveur une priorité : « Nos membres attendent un retour sur leur investissement. »

 

Mais les partisans du loup ne se soucient pas de lui autant que ses adversaires le détestent, et ils ont de bonnes raisons de le faire. En 2009, la pire année pour elle depuis la réintroduction du loup, Kim Baker, propriétaire d'un ranch dans le Montana, a subi sept attaques de loup confirmées, 12 têtes de bétail disparues et des yearlings /poulains pur-sang anglais d’un an/ qui, usés par le harcèlement, pesaient une moyenne de 710 livres (322 kg) à la place des 770 attendues. Elle estime les pertes totales pour l’année à environ 42.000 $.

« Parfois, c'est sacrément déprimant ! Si vous pouviez voir ce que les loups laissent ... Nous n’élevons pas nos bêtes pour être torturées. » Les photographies montrent les chiens et le bétail attaqués férocement avec leurs arrière-trains dévorés, en lambeaux. Les éleveurs obtiennent une indemnisation pour les pertes, mais Mme Baker dit que, en raison de la difficulté de prouver la responsabilité du loup, les dédommagements ne représentent que 10% de ses pertes.

En Europe, les conflits entre loups et agriculteurs ont été les plus forts en France, où de fortes subventions soutiennent encore l'agriculture dans les zones marginales. Joseph Jouffrey, président de l'association des Bergers dans les Hautes-Alpes, raconte comment un de ses voisins a récemment perdu 67 moutons. L’an dernier, environ 5.000 ont été tués par les loups dans toute la France, contre environ 1.500 il y a cinq ans. Comme en Amérique, les agriculteurs disent que l'indemnisation ne couvre pas les pertes. Il y a eu des manifestations anti-loups et des incendies criminels dans le parc national où ils sont apparus en premier, ainsi que des menaces de mort contre son personnel.

Dans la lutte contre les loups, les chasseurs tendent à prendre parti pour les éleveurs et les bergers. En Suède la chasse à l'orignal est une partie importante de la vie rurale, explique Gunnar Gloersen, un chasseur de Värmland dans la centre de la Suède. Chaque année, 100.000 orignaux sont abattus, en partie pour protéger les pins dont ils mangent les jeunes pousses, en partie pour le sport. Même les écoles et les postes de police ferment un jour de chasse à l'orignal. Les loups perturbent la chasse en massacrant autour de 5.000 à 10.000 orignaux par an et, plus grave, en tuant les chiens de chasse. Les coûts de la perte d'un chien ne sont pas simplement émotionnels : un Jämthund bien formé vaut 10.000 €  (13.000 $). La présence de loups réduit la valeur des droits de chasse et, selon M. Gloersen, les coûts pour les propriétaires fonciers dans cette partie de la Suède avoisinent les 50 M € par an.

 

La fracture entre adversaires et partisans des loups est culturelle aussi bien qu'économique. Tandis que ces derniers se considèrent eux-mêmes comme protecteurs de la planète, les opposants s’estiment en contact direct avec la terre. Pierre de Boisguilbert, le secrétaire général de la Société de Vènerie de France (chasse à courre), caractérise les partisans du loup comme des "bobos", bourgeois bohèmes - un terme péjoratif destiné au milieu urbain de gauche. «Les bobos aiment le loup. Ils ne vont jamais voir un, mais l'idée du loup est grande ».

 

En Amérique, l’escalade dans le débat sur le statut de protection du loup est devenue une bataille politique à part entière. Le nombre de loups a rapidement atteint le (modeste) objectif de 100 loups par Etat qui avait été fixé par le Service gouvernemental des Poissons et de la Vie Sauvage (FWS), et en 2002 on a commencé à parler de supprimer leur protection. Pour l’empêcher, les organisations environnementales et de droits des animaux ont assigné le gouvernement fédéral devant les tribunaux. Pendant que les juges délibéraient, et que de plus en plus de plaintes leur étaient soumises, la population de loups grimpait en flèche, et les chasseurs et les éleveurs devenaient furibonds. En 2011, le Congrès a perdu patience et légiféré pour suppléer aux tribunaux et « radier » les loups de la liste des espèces protégées. Le jeu est maintenant devenu plus équitable dans les États de la zone des Rocheuses et des Grands Lacs où ils sont présents.

 

Ce qu’il adviendra de la population de loup en Amérique n'est pas clair. Les Etats tentent de ramener leur nombre au niveau fixé à l’origine par le FWS. Certains conservationnistes pensent que des populations de cette taille sont trop petites pour être viables, et que le loup risque d’être éliminé à nouveau ; pour d'autres les animaux sont trop nombreux pour être abattus jusqu’à atteindre le niveau initialement ciblé. Selon Dave Mech, chercheur scientifique principal à l'United States Geological Survey, la population de loups est trop importante pour être contrôlé par la simple pratique de la chasse habituelle (sans l'utilisation d'avions ou du poison). Ce qui est clair, c'est que l'explosion du nombre de loups a rendu un très mauvais service à la conservation, en transformant en opposants à la législation environnementale ceux dont les moyens de subsistance ont souffert de la situation :

« Notre plus grand ennemi, a déclaré l’éleveuse Mme Baker, a été la loi sur les espèces en voie de disparition. »

 

En Europe, les loups bénéficient toujours de la protection stricte de la directive Habitats. La commission a assigné la Finlande en 2005 pour avoir donné des droits de chasse en trop grand nombre, et poursuit actuellement la Suède pour une affaire similaire, mais il est largement admis que l’accroissement de la population de loup est un problème. L'abattage n'est autorisé qu’au compte gouttes : en France, par exemple, 11 loups cette année. Pourtant, ils se sont répandus vers l'ouest jusqu'au Massif Central, où il y a beaucoup de gens et beaucoup de moutons. « Si les loups y arrivent en grand nombre, ce sera un cauchemar », prédit Luigi Boitani, président du groupe de travail sur les grands carnivores en Europe de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

 

Le rapport de l'humanité avec le loup a toujours été difficile, et la politique le concernant doit être géré avec délicatesse. Mais bien que ce canidé ait encore trop d'ennemis pour que sa survie soit acquise, l'histoire est dans son camp. Dans la plupart des pays, la part de l'agriculture dans la production économique diminue, la population rurale est en baisse et les gens de plus en plus coupés des réalités de la terre. Ces temps-ci pour la plupart des humains les loups ne sont guère plus qu'un rappel d'un passé sauvage qu'ils ont laissé derrière eux, mais qui fait encore vibrer la corde sensible de leur âme. »

 

Traduction : B.Besche-Commenge – ASPAP/ADDIP



 
(1) Note du traducteur : Le site de l’association : http://www.defenders.org

1 commentaire:

  1. Escroquerie intellectuelle dont ce belge est coutumier.

    Merci à Bruno pour sa traduction, dont je serai bien incapable.



    ''La Buvette des Alpages. L'actualité qui parle des brebis et ce qui tourne autour''

    La aussi une belle escroquerie !



    1) ''qui parle des brebis'', bien peu...si ce n'est pour dénigrer le pastoralisme puis les professions de bergers, d'éleveurs.



    2) ''et de ce qui tourne autour'' , alors là oui !

    Si l'on considère que ce qui tourne autour (des brebis) sont essentiellement des grands prédateurs.



    Gengis Khan.

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